Une étude sérieuse offre la possibilité de mieux comprendre les traumatismes et leurs conséquences ! Pour la toute première fois, le circuit cérébral du souvenir traumatique a pu être découvert par des chercheurs portoricains. Une véritable révolution dans ce domaine, puisqu’il est désormais plus simple de comprendre les conséquences néfastes des traumatismes sur la mémoire…
(tiré de https://www.planetesante.ch/Magazine/Personnes-agees/Memoire/Le-trauma-imprime-la-memoire-par-un-chemin-singulier)
Des faits marquants pour l’homme…
D’année en année, de nouvelles catastrophes frappent l’humanité. Les événements tels que les crashs aériens, les attentats, les actes terroristes ou encore les guerres, marquent les personnes qui y assistent ; de près ou de loin, à des degrés différents. Pourtant, notre société essaye, tant bien que mal, de maîtriser ces faits afin de minimiser leurs conséquences…
Les survivants de ces catastrophes peuvent garder des séquelles durant de nombreux mois, de multiples années. C’est ce que l’on appelle le syndrome de stress post-traumatique.
L’attentat de Charlie Hebdo ou encore celui de Nice, en sont de parfaits exemples. Les rescapés de ces tueries ont été traumatisés et cela restera sûrement jusqu’à la fin de leur vie… Ces survivants développent un syndrome de stress post-traumatique (PTSD) qui apparaît parfois tout de suite, parfois plusieurs mois après la catastrophe.
Même si ces personnes essaient de retrouver une vie normale, des petits détails du quotidien peuvent raviver en elles, tous ces souvenirs douloureux et provoquer une avalanche d’émotions intenses. Cela peut être un son, une odeur, un objet, un lieu.
Ces émotions se caractérisent par d’importantes crises d’angoisse et/ou une éviction sociale. Les personnes qui sont victimes de stress post-traumatique font face à des insomnies, elles ont les mains moites, elles transpirent plus que d’habitude, leur souffle est court, leur cœur s’emballe, elles font des cauchemars et ont surtout l’impression de n’être en sécurité, nulle part. Leur perception des choses, des gens et même de la vie quotidienne, est floutée, perturbée, étrangère. Certaines personnes peuvent même avoir des excès de rage, en se mettant en colère très rapidement, sans raison particulière.
Le Dr Pierre Marquet, psychiatre responsable de la section spécialisée dans le traitement des troubles de l’humeur et des troubles de la personnalité du service de psychiatrie générale du Centre hospitalier universitaire vaudois (CHUV), a su l’expliquer très clairement.
Une étude aux résultats plus que prometteurs !
Il y a déjà eu des études, par le passé, sur le syndrome de stress post-traumatique, mais aucune n’avait réussi à aller sur ce terrain-là.
En effet, pour la première fois, l’université de Porto-Rico a réalisé une étude poussée, mettant en évidence les chemins neuronaux par lesquels les traumatismes passent pour aller imprimer la mémoire. Par conséquent, cette étude révolutionnaire ; publiée dans la célèbre revue Nature, va peut-être permettre de comprendre les mécanismes des traumatismes ainsi que leurs effets sur le cerveau.
Et pour cause, il est très intéressant de comprendre ce qu’il arrive au cerveau lorsque l’on subit un tel traumatisme, mais aussi de savoir pourquoi ce traumatisme ne nous quitte plus. Désormais, grâce à cette étude, il est possible d’obtenir des réponses à ces questions.
Réalisée sur des rats, cette étude avait pour objectif de découvrir quelles zones du cerveau sont impliquées dans le souvenir traumatique. Afin de rendre cette étude crédible, les rats ont été enfermés dans des cages et ont subi de longues séries de chocs électriques, associés à un son.
Par la suite, les chercheurs portoricains à l’origine de cette étude, ont utilisé une technique permettant de rendre des neurones sensibles à la lumière ; appelée optogénétique, ce qui leur a permis de comprendre que le souvenir traumatique n’utilise pas les mêmes chemins cérébraux qu’un souvenir non traumatique, et qu’ils sont de plus, bien plus complexes !
Que vient faire la mémoire là-dedans ?
Pour pouvoir construire un souvenir « ordinaire », le cerveau utilise de nouvelles synapses. Grâce à cela, un simple bruit ou une simple odeur a la capacité de raviver ce souvenir. Toutefois, le cerveau sélectionne certaines synapses, il ne les garde pas toutes. C’est ce que l’on appelle la sélection naturelle des souvenirs.
Concrètement, pour un souvenir « ordinaire », son rappel passe par l’hippocampe, une zone importante du cerveau. Puis, le chemin se poursuit au niveau de l’amygdale. C’est là que l’association à une émotion particulière se fait avec le rappel du souvenir. Enfin, il termine son chemin par le thalamus.
Or, avec cette étude, on peut se rendre compte qu’en cas de souvenir traumatique, le rappel n’emprunte pas les mêmes chemins de la mémoire… Ainsi, lorsqu’il s’agit d’un souvenir traumatique, cela passe par le cortex préfrontal, puis par l’amygdale et le thalamus.
D’après Jean-François Démonet ; professeur, neurologue et directeur du Centre Leenaards de la mémoire du CHUV, les souvenirs traumatiques passeraient par des chemins complexes et provoqueraient des excès de mémoire.
Dans le cas de souvenirs « ordinaires », au fil du temps, le cerveau efface son empreinte ou l’imprime durablement. Mais lorsqu’il s’agit de souvenirs traumatiques, le cerveau les imprime automatiquement et ne les efface pas…
D’après le professeur Démonet, il semblerait que le passage par le thalamus en soit la cause. Par conséquent, pour les souvenirs traumatiques, l’association avec un profond sentiment d’insécurité et de peur devient persistante. Pourquoi ? Tout simplement parce que le cerveau essaye continuellement de trouver un moyen de faire face à ce danger, encore et encore….
Est-il possible de se débarrasser des souvenirs traumatiques ?
L’étude menée par ces chercheurs portoricains est vraiment pertinente et n’augure que du bon pour l’avenir !
En effet, afin de permettre aux personnes victimes de stress post-traumatique de s’en débarrasser définitivement, il faudrait « simplement » briser le lien qui unit le souvenir aux émotions négatives.
En découvrant les chemins empruntés par ces souvenirs, d’autres chercheurs vont pouvoir comprendre plus aisément les mécanismes des souvenirs traumatiques, ce qui va offrir la possibilité de pouvoir mieux aider les victimes de stress post-traumatique.
Il faudra peut-être attendre encore quelques années pour obtenir toutes les réponses, mais actuellement, grâce à cette étude, de nouvelles possibilités de recherche ont été découvertes !
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