En juin 2013, Yves Wauthier-Freymann était invité par le blog « Des Maux et des Mots ». Il y présente le travail qu’il fait sur les traumatismes et des apports de la Psychologie énergétique.
Vidéo sur Youtube « Traumatisme et Psychologie énergétique » : lien
Retranscription de la vidéo « Traumatisme et Psychologie énergétique »
Intervieweur 1: Yves, tu nous as parlé un petit peu du développement des thérapies énergétiques en France et puis la manière dont tu as développé ça dans ton école Therapeutia à Bruxelles. Il y a des domaines, après, qui t’ont particulièrement intéressé dans ton travail, notamment le travail avec les traumatismes, le travail avec les enfants aussi. Est-ce que tu peux nous parler un peu de la façon dont tu as amené ces outils à ce service-là ?
Yves: Oui, avec plaisir, parce que c’est effectivement quelque chose qui me touche très fort. On a observé que justement sur les traumas, donc les situations qui laissaient des traces, des évènements de vie, on pouvait très rapidement intervenir. Et puis, on a observé que dans certains cas, certaines situations, quand on parle de trauma complexe, c’est-à-dire qu’il pouvait y avoir une répétition d’évènements traumatiques ou différents types de trauma qui venaient se superposer les uns aux autres. Le travail ne se faisait pas du tout de la même manière, donc ça nécessitait une connaissance et d’envisager le plan de traitement de façon complètement différente d’un plan de traitement classique.
En général, si vous travaillez en EFT, on va visiter le passé, puis le présent, puis le futur et puis normalement c’est fini. Mais quand on s’adresse à des traumas complexes, on ne peut pas travailler dans cet ordre-là, parce que souvent la structure de la personne, elle n’a pas été construite suffisamment puissamment que pour tenir.
Explication de la notion de trauma complexe
Intervieweur 2: Juste pour précision, un trauma complexe, c’est quoi ? Déjà un trauma, ce n’est pas forcément l’accident de voiture, ça peut être le viol, ça peut être tous les traumatismes…
Yves: Tout à fait. Un trauma complexe, c’est donc lorsque plusieurs évènements de vie traumatiques qui laissent une trace après un mois normalement de… après l’évènement, donc qui continuent à générer un empêchement dans la vie de la personne, c’est-à-dire que si la personne se sent hyper vigilant par exemple, peut avoir des troubles du sommeil. Donc, il y a différents symptômes qui apparaissent dans sa vie et qui se maintiennent au-delà d’un mois après l’évènement, mais on va parler d’un trauma. Et un trauma complexe, c’est lorsque plusieurs types d’évènement se croisent ou il y a une répétition du même type d’évènement. Par exemple si quelqu’un a été violenté par quelqu’un, par ses parents pendant des années, les enfants battus, eh bien ça peut effectivement provoquer des traumas complexes.
Intervieweur 1: Une succession d’évènements en fait qui ne sont pas indépendants.
Yves: Voilà. Et donc le souci, c’est que plus jeune se passe… on va dire, au plus jeune se passe le premier élément, le premier évènement, au plus, évidemment, ça peut avoir de répercussions sur la construction de l’individu, c’est-à-dire que… mais les ressources de la personne, par exemple, la vision du monde que peut avoir un enfant, savoir qu’un adulte est quelqu’un de sécurisant et qui me protège, peut être complètement explosé, et donc ça peut empêcher la personne de se construire de façon valable et donc créer par exemple : manque de confiance en soi, problème d’affirmation de soi, des gens qui vont suivre tout le temps les autres, qui vont… peut-être peuvent avoir une dépression qui peut être larvée ou déclarée etc.
Donc plus c’est complexe, évidemment, plus moi, personnellement, ça m’intéresse pour diverses raisons. D’abord, parce que dans ma vie, j’ai été maltraité, donc j’ai eu à traiter ça et l’EMDR m’a beaucoup aidé, l’hypnose m’a aidé, mais après tous ces outils m’ont aidé à traiter ça. Et donc, je me suis intéressé à comment les enseigner aux thérapeutes pour que justement pouvoir aller plus vite, soulager plus rapidement les enfants ou les adultes qui peuvent porter ça depuis quelques fois des dizaines d’années.
Intervieweur 1: Alors, ce sont les mêmes techniques quelque part, c’est juste la manière dont elles sont utilisées qui est différente.
Yves: Tout à fait.
Quelle approche pour les traumas complexes ?
Intervieweur 1: Est-ce que tu peux, sans rentrer forcément dans les détails trop complexes, mais en tout cas expliquer un petit peu la manière dont tu approches ces traumas complexes ?
Yves: Et donc pour les traumas complexes, la chose qui manque le plus, c’est la ressource, c’est-à-dire que la personne ne voit pas de ressource sur laquelle s’appuyer et donc…
Intervieweur 1: Parce qu’on n’a pas eu assez pour se construire ?
Yves: Voilà, c’est ça. C’est-à-dire que par exemple, elle n’a pas eu une image, je ne sais pas, admettons, d’un père sécurisant et donc elle dit, « ben moi, je ne suis pas en sécurité, je ne me sens pas en sécurité dans ma vie ». Donc, même si on lui demande de penser à un espace de sécurité, elle n’y arrive pas. Elle a beaucoup de difficultés – elle est figée – à trouver ça. Donc par exemple, dans ce type de cas, on va essayer d’installer d’abord une reconnexion avec ce qu’on appelle le self, c’est-à-dire la personne qui va juste retrouver en elle les moments où elle a pu être sereine, juste sereine, c’est le self. Pourquoi ? Parce que normalement, cette partie-là de l’individu, c’est la partie qui est spontanément et naturellement sereine et en paix. On a tous cela. Et quelques fois, donc quand on est vraiment sur des traumas très complexes, on va commencer par ça, et puis de là seulement aller reconstruire un espace de sécurité et puis faire ce qu’on appelle des aller-retours, on appelle ça une pendulation, un peu comme en hypnose. On fait une pendulation entre la ressource et les déclencheurs du présent. Par exemple, je travaille avec un boss qui me stresse parce qu’il ressemble à mon père qui m’a maltraité. Eh bien je vais aller travailler sur mon boss mais en vérifiant d’abord quelles sont les ressources dont j’aurai besoin pour pouvoir faire ce travail. On va faire une pendulation comme ça à pour vérifier que la ressource tienne, soit suffisamment costaude pour qu’on puisse la renforcer comme des ancrages en hypnose, on va renforcer ça par du tapping, stimuler des points d’acupression en ancrage, on va utiliser des métaphores hypnotiques pour vraiment construire ça. Et quand c’est assez fort…
Yves: Et quand c’est assez fort, on s’occupe seulement du déclencheur du présent. Et puis seulement quand on sent que le déclencheur commence à lâcher, on peut aller visiter tout doucement le passé, mais très très délicatement, parce qu’au plus le trauma sera complexe, au plus fragile sera l’individu. Donc, pour éviter que elle ne passe en abréaction c’est-à-dire qu’elle soit complètement débordée par ses émotions ou au contraire par sa dissociation, soit complètement déconnectée, parce que ce sont des mécanismes de défense, eh bien on va essayer de trouver une zone de confort qui permet justement de faire tout ce travail de pendulation.
La particularité du travail avec les enfants
Et avec les enfants, ce qui est génial, c’est que comme évidemment l’enfant est encore très proche de cet état un peu hypnotique de base, on peut aller très très rapidement avec les enfants et dégager les choses vraiment très lourdes, même à des âges très jeunes. Donc, j’ai déjà fait sur des bébés de quelques mois avec les parents ou deux ans et demi, trois ans, quatre ans etc.
Intervieweur 1: Donc, avant même qu’il ait la parole, tu peux déjà travailler ta thérapie énergétique…
Yves: Tout à fait.
Intervieweur 2: Alors, qui vient consulter pour ces motifs-là ? C’est spontané ? C’est comment ? C’est…
Yves: Ah ben par exemple, bon forcément, avec les enfants, ce sont les parents qui viennent.
Intervieweur 2: Ça, c’est sûr, oui.
Yves: Et donc ce qui se passe, c’est qu’évidemment la construction du lien thérapeutique avec l’enfant va être super important, parce que l’enfant n’est pas demandeur souvent. Donc, on va d’abord voir avec l’enfant s’il est ok. Donc, ça dépend évidemment de son âge et du dialogue qu’on peut avoir avec lui, mais on va essayer de lui expliquer ce qu’on fait. Donc par exemple, je vais réexpliquer le cerveau mais avec des mots d’enfants. Puis, je vais passer qu’il faut une session à jouer avec l’enfant, lui montrer des choses et de temps en temps je vais juste, un peu comme on ferait en hypnose, distiller deux-trois informations sur le fait que c’est vraiment un super loulou. Par exemple, je vais lui demander, « mais tiens, c’est quoi tes héros préférés ou tes héroïnes préférées ? ».
Intervieweur 1: Tu crées une complicité…
Yves: Et donc, je lui dis : « Tiens, si on demande à Flash McQueen de venir t’aider à guérir ta phobie de l’école par exemple, qu’est-ce que tu en penses ? » « Ah oui, oui, c’est génial ». Et on va recommencer à tapoter, stimuler les points mais en demandant à Flash McQueen de venir l’aider. Donc, ce sont des ancrages et des ressources.
Intervieweur 2: Mais tu as cité des enfants de… qui ne verbalisaient pas, qui étaient tout petits, quelles sont leurs doléances à eux… à ces petits enfants ?
Le travail sur le stress post-traumatique d’un bébé
Yves: Mais par exemple, je vais citer un cas, il y a eu… comme ça c’était… donc c’est une collègue, donc une psychologue, donc son enfant était… a été opéré du cœur juste après la naissance et à trois reprises. Donc dès que l’enfant approchait du milieu hospitalier, il commençait à hurler, d’accord, mais vraiment hurler très très fort. Donc il était vraiment… il avait un stress post-traumatique. Et puis, toutes les nuits, il se réveille, donc ils vont se réveiller toutes les nuits. Donc, dès qu’il n’était plus avec sa maman ou son papa, c’était la cata. Alors, pourquoi ? Mais parce qu’évidemment quand il a été opéré, il a dû être en urgence, il était séparé, donc c’est ce qu’on appelle… ça pourrait générer des troubles de l’attachement, donc c’est vraiment des troubles liés à la prime enfance, d’accord.
Et donc ce qu’on a fait, c’est qu’on a travaillé ensemble aussi sur le stress de la mère, j’ai demandé à la maman de venir avec le bébé, puis je lui ai demandé de le prendre dans les bras, et puis j’ai simplement réexpliqué, tout en faisant du tapping, en massant légèrement certains points d’acupression chez le bébé, je réexpliquait avec une voix très calme tout ce qu’il avait pu vivre en lui réexpliquant : « ben voilà j’imagine que tu as pu avoir très peur » etc. En faisant le tapping, la maman faisait aussi le tapping. Donc, la maman commençait aussi à se calmer, à traiter son propre trauma, parce que l’un des soucis avec ce type d’enfant, c’est que le bébé évidemment répond au stress des parents et donc on est dans une sorte de polarisation avec deux extrêmes, et donc évidemment ben l’un va activer l’autre et l’autre va activer l’un, donc il faut travailler sur les deux en même temps. Et donc, on a fait une session qui a duré joyeusement 20 minutes où on a réexpliqué le moment de vie. Le bébé s’est calmé très très fort parce que différents points calment le système, donc c’est le frein. Et puis j’ai vérifié que la maman, que son stress à elle, elle était aussi bien à zéro. Et le bébé a dormi, a repris toutes ses nuits, c’était fini. Ça faisait six mois qu’il hurlait toutes les nuits. C’est terminé.
Intervieweur 2: Mais là, tout à l’heure, tu parlais du self justement. Il est identifiable facilement sur un bébé ou…
Yves: Alors, mais sur un bébé, comme il est très jeune, il n’y a pas encore de souci, il est là, il doit se créer, donc il n’y a pas de problème à ce niveau-là. Il faut juste que le self de la maman, que la connexion à la maman ou au papa, enfin, à l’environnement familial, soit bon évidemment.
Intervieweur 2: des fois, en séance de kinésiologie aussi, appliquée, il y a la possibilité de travailler sur la mère en créant le lien avec l’enfant et donc on ne touche pratiquement pas l’enfant, c’est juste la mère qui le tient ou le père.
Yves: C’est ce qu’on aurait pu faire ici aussi, si ce n’est que comme il y avait eu opération chirurgicale, plusieurs, donc tout le système des chakras était complètement chaos.
Intervieweur 2: Donc là, il fallait une intervention physique.
Yves: Donc, il fallait expliquer à la maman comment gérer les chakras ou lui montrer par test musculaire qu’effectivement si un chakra est faible, ben on perd sa tonicité, et donc réexpliquer à sa maman que lorsqu’il y a opération, lorsqu’il y a anesthésie en réalité, il y a d’office… le système des chakras est complétement chaos, donc il fallait juste le redémarrer. Et demander à la maman de le faire tous les jours, c’est-à-dire tous les matins, le refaire, avant d’aller dormir, le refaire, ça prend une minute, ça ne prend pas beaucoup de temps et… j’ai juste travaillé sur ça, voilà.
Que pensent les médecins de la psychologie énergétique ?
Intervieweur 2: Je vais être un petit peu polémique. Mais le médecin du coin ou le chirurgien…
Intervieweur 1: C’est un peu la question que j’allais poser justement, oui.
Intervieweur 2: il ne voit pas… il se dit, « celui-là, c’est un allumé qui tape sur les enfants »
[rire]
qui soigne des trucs bizarres…
Yves: Je vais… Je réponds très simplement. Lorsque… donc j’ai un cabinet à Bruxelles, j’ai un cabinet à Assesse, qui est à côté de Namur, d’accord. Quand j’ai déménagé de Bruxelles à Namur, tout le monde a dit, « ben enfin, Yves, tu as toute ta patientèle, tu vas la perdre ». Et il se faisait que je donnais une formation dans un institut qui s’occupe des personnes handicapées mentales lourdes. Et donc, toute l’équipe technique était là, il y avait le psychiatre résident, référent, il y avait des psychologues etc. Et donc, j’ai appris TAT et REMAP, qui sont deux outils psychologie énergétique. Et j’avais repéré une personne qui était dans la salle, qui avait diverses phobies. Donc, je lui ai dit, « mais si tu ok de faire une démonstration, ça serait chouette ». Et elle commence à expliquer ça qu’en gros, enfin son problème, une dizaine d’années avant, quelqu’un est rentré dans cette association, lors d’une assemblé générale, avec un riot-gun, a tiré dans le tas, il y a plusieurs personnes qui ont été blessées. C’est un solide traumatisme. Et en racontant ces histoires, je réalise que j’avais déjà entendu cette histoire, que six mois avant, j’avais quelqu’un dans mon cabinet qui m’avait raconté la même histoire. Et donc, j’ai une petite voix qui me dit, »mais ça ce n’est pas logique ». Je dis, « est-ce que par hasard il y aurait d’autres personnes…
Intervieweur 2: Il entend des voix, c’est normal ? [rire]
Yves: C’est pour ça que je me suis traité. Donc, j’ai dit « est-ce qu’il y aurait d’autres personnes qui auraient vécu ça ? » Donc, sur les 40 personnes qui étaient présentes dans cette formation, il y a six personnes qui lèvent la main. Donc, je réalise que je suis dans l’institution où ça s’était produit. Donc, j’ai demandé à toutes les personnes de tapoter en même temps, de faire exactement les mêmes choses que j’allais faire. Un autre psychologue qui était là, je lui ai demandé de vérifier qu’ils tapotaient bien les points. Donc, on a fait une session de matin, une session d’après-midi et la personne a été guérie de ça. Son agoraphobie, sa claustrophobie, c’était parti. Donc le psychiatre qui a vu ça, ça faisait 10 ans qu’il les suivait. Lui, évidemment, il a vécu ça.
Intervieweur 2: Ça a dû énerver un petit peu, non ?
Yves: Il a dit : « Mais enfin, c’est complètement dingue ». Alors, j’ai dit « ben ok, mais ça fonctionne » et j’ai expliqué, parce que le cerveau, des conditionnements etc.
Intervieweur 2: Un psychiatre qui dit « c’est complètement dingue », c’est con.
[rire]
Yves: Et donc ce qui s’est passé, c’est qu’en un mois et demi, il a complètement rempli ma patientèle à Assesse, il m’a envoyé tous les cas les plus farfelus. Donc, j’ai eu des trucs, mais enfin j’avais eu quelqu’un par exemple qui tenait son dentier dans les mains, il ne pouvait pas mettre son dentier en bouche, donc il se baladait comme ça. Évidemment, sa femme ça l’énervait très fort… « est-ce que vous pouvez m’aider ? parce que j’arrive pas à garder mon dentier en bouche »
[rire]
Je dis « ben ok ». Donc, on a travaillé sur des cas mais complètement dingues avec chaque fois des résultats évidemment assez époustouflants.
Intervieweur 2: Soit, je vais élargir un petit peu le débat. Avec la médecine, globalement, comment la médecine belge en tout cas, en l’occurrence, qu’est-ce…
Intervieweur 1: Mais est-ce qu’il y a une différence entre la Belgique et la France à ce niveau-là aussi ?
Intervieweur 2: Comment elle voit ça ?
Yves: Oui, en Belgique, c’est mieux hein, donc on soigne mieux mais… Ça se voit au niveau du QI, je crois hein, il y a vraiment un quotient intellectuel très important…
[rire]
Donc au niveau de la médecine, par exemple au sein de Thérapeutia, on a plusieurs psychiatres qui sont professeurs dans les universités. Donc, c’est clair qu’au début ça crée un choc culturel parce que ça va un peu à l’encontre du paradigme sur lequel ils ont été habitués. Mais dès qu’ils observent les résultats, ben ils changent d’avis. Il y a de plus en plus de recherches qui sont aussi publiées et donc il n’y a aucun souci sur les bases scientifiques. Le livre que j’ai écrit EFT – Tapping et psychologie énergétique, il y a toutes les bases scientifiques de la psychologie énergétique et on l’a fait pour ça.
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