L’histoire de l’humanité est parsemée de maladies, d’affections, de pathologies qui ont parfois décimé de larges parties de populations. Si les progrès de la science et de la médecine ont permis d’améliorer grandement la santé globale depuis le début du XXème siècle, nous sommes toutefois loin de pouvoir considérer que la partie soit gagnée. En effet les nouvelles technologies, les modalités modernes de se nourrir et de consommer, engendre elles aussi des comportements inadaptés, et peuvent même revêtir une forme pathologique. C’est notamment le cas de la prise de poids excessive, voire morbide, constatée dans plusieurs endroits du globe ces vingt dernières années.
L’obésité est un problème qui touche environ 13% des adultes dans le monde selon l’Organisation Mondiale de la Santé, alors que trois fois plus sont en d’ores et déjà en surpoids. Ces chiffres peuvent légitimement nous porter à nous inquiéter sérieusement d’une tendance lourde dans nos sociétés : grossir au-delà de l’acceptable ! Et indifféremment de leur âge, les enfants et les adultes sont également touchés par ce mal de notre siècle, qui favorise l’apparition d’autres maladies. Quelles peuvent-être les causes de ces effets dévastateurs de l’obésité ?
Malheureusement, notre alimentation et les modes de vie plutôt sédentaires ne font qu’augmenter ces chiffres tous les ans. D’autres facteurs comme le stress et l’anxiété dues par exemple à nos modes de travail et de transport, mais aussi à la pression des contraintes sociales et culturelles, engendrent des comportements comme la boulimie ou l’anorexie qui s’avèrent difficiles à traiter et à prendre en charge aussi bien pour la société que par les personnes concernées.
De manière générale, le surpoids augmente les symptômes de certaines maladies chroniques. Les personnes en situation d’obésité font partie des populations à risque et la récente crise sanitaire a rappelé cette situation de fait. Le lien entre l’obésité et le risque de complications de la COVID-19 a été d’ailleurs clairement établi, en raison des pathologies associées à l’obésité, mais également indépendamment de celles-ci.
Pourtant, les autorités médicales internationales ont pris les devants et averti en temps utile les gouvernements nationaux. Même si une “Stratégie mondiale pour l’alimentation, l’exercice physique et la santé” a été adoptée par l’Assemblée mondiale de la Santé en 2004 et renforcée en 2011 par une déclaration politique sur les maladies non transmissibles (MNT), le phénomène ne cesse de prendre de l’ampleur et le nombre de personnes en surpoids continue inexorablement d’augmenter chaque année.
La difficulté vient principalement du fait que les politiques publiques, relayées par certains produits privés, ne prennent pas en compte l’aspect mental du phénomène chez celles et ceux qui en souffrent. En effet, la majorité des programmes d’intervention contre l’obésité ont pour “simple” objectif de perdre du poids en ciblant l’apport alimentaire et l’exercice physique pour y arriver.
C’est une lecture purement “objective” ou scientifique de la problématique de la prise de poids. Or, les êtres humains sont avant tout uniques, et à force de vouloir être efficace on oublie la dimension très subjective, individuelle et personnelle, de la prise de poids. Il manque quelque chose, mais quoi ?
La réponse peut venir de certaines études scientifiques plus poussées sur le sujet : des méta-analyses ont montré que si ces régimes peuvent fonctionner pour perdre du poids, ils ne sont pas efficaces pour maintenir la perte de poids acquise grâce à ces efforts. Autrement dit, nous savons pertinemment comment faire perdre des kilos assez rapidement “à l’extérieur” du corps, mais nous ne savons pas vraiment apporter une réponse durable et individuelle au pourquoi. Une réponse qui soit suffisamment “convaincante” pour que la personne venant de perdre ces kilos… ne les reprenne pas !
Et en effet, peu d’aspects psychologiques liés à l’obésité sont pris en considération par ces méthodes de gestion du poids. La détresse, l’anxiété et les troubles psychologiques sont tout autant de facteurs déterminants qui influencent négativement le maintien de la perte de poids à long terme. C’est la raison pour laquelle la compréhension du rôle de ces facteurs psychologiques est essentielle afin d’optimiser les programmes d’intervention en les centrant sur l’intervention au niveau comportemental. Alors comment faire ?
Une des thérapies les plus efficaces pour soigner à ce niveau les pratiques alimentaires dysfonctionnelles est la thérapie cognitivo-comportementale (TCC). Néanmoins, les coûts financiers engendrés et les contraintes temporelles constituent souvent des freins à la mise en pratique à long terme de ce genre de thérapie.
Une étude sur l’efficacité de l’EFT sur la gestion du poids
Avant d’implémenter une pratique médicale, il faut la soumettre aux investigations scientifiques. Des interventions à court terme ciblant ces mêmes facteurs psychologiques sont examinées par les chercheurs, comme la psychologie énergétique et les techniques de libération émotionnelle (EFT).
Une étude publiée dans le journal JACM (THE JOURNAL OF ALTERNATIVE AND COMPLEMENTARY MEDICINE) l’année dernière, en février 2020, fait une synthèse de plusieurs études sur les techniques de libération émotionnelle (EFT) qui semble être une méthode prometteuse dans la gestion du poids.
Le but de l’étude était d’examiner les divers facteurs influençant la prise de poids. Une évaluation des envies de nourriture des participants a été faite, mais également des restrictions alimentaires, les variations de poids des sujets et les symptômes qu’ils avaient ressenti pendant deux ans suite à un programme EFT composé de sept modules. Afin de respecter l’individualité de la dimension psychologique de cette problématique complexe, les participants ont géré eux-mêmes ce programme sur une durée de 8 semaines en bénéficiant d’un soutien en ligne.
Les participants ont suivi une formation en ligne d’auto-apprentissage grâce à un programme de traitement EFT composé de sept modules sur une période d’intervention de deux mois. Ce programme contenait 32 leçons vidéo avec une durée de 15 minutes maximum chacune. Les participants pouvaient répéter les leçons selon leurs besoins pendant la période d’intervention. Ils bénéficiaient également d’une assistance en ligne.
Les résultats de cette intervention EFT ont été encourageants car tous les facteurs étudiés en ont été réduits. Ainsi, les envies de nourriture ont baissé de 28,2 %, la puissance psychologique de la nourriture sur les sujets de 26,7 %, les symptômes dépressifs de 12,3 %, l’anxiété de 23,3 % et les symptômes somatiques de 10,6 %. Même si ces analyses ont été réalisées sur la foi des déclarations des participants, elles montrent l’efficacité des techniques EFT dans la gestion du poids puisque leur indice de masse corporelle et leur poids ont également diminué de manière significative pendant la période de référence et 12 mois après.
Les conclusions des chercheurs qui ont dirigé cette étude ont conclu que le programme EFT d’intervention en ligne a été très efficace pour réduire les fringales, mais aussi tous les symptômes d’ordre psychologique et conserver ces bénéfices pendant 2 ans. C’est sans doute une voie à suivre pour consolider à long terme la perte de poids et ainsi réduire les risques pour la santé !
Petit rappel sur les techniques de libération émotionnelle EFT
Vous trouverez sur notre site des informations plus détaillées et même une formation complète sur les techniques de libération émotionnelle, communément nommées EFT, de l’anglais Emotional Freedom Technique.
L’objectif des techniques d’EFT est de diminuer les symptômes de détresse psychologique, y compris le stress et l’anxiété et de soulager ainsi les personnes qui en souffrent. Ces symptômes psychologiques se manifestent également chez des personnes qui ont des difficultés à gérer leur poids, notamment celles se trouvant en surpoids.
Plusieurs études ont évalué l’impact des techniques EFT sur les fringales, l’alimentation et la perte de poids et ont été considérées dans l’étude que nous avons citée. Une d’entre elles, publiée en 2019, concernait 216 travailleurs de la santé et les résultats d’un atelier EFT d’une journée sur les fringales, la douleur et la détresse psychologique. Elle a constaté une réduction significative de tous les paramètres mesurés et leur maintien durant les trois mois de suivi. Ces résultats ont été confirmés dans plusieurs essais cliniques randomisés menés en Australie sur les impacts des traitements EFT sur les participants comme par exemple celle-ci publiée en 2013 dans l’ISRN Psychiatry ou encore celle-ci de 2011. Une diminution significative des trois mesures citées y avait été constatée, ainsi qu’une perte de poids et une réduction de l’indice de masse corporelle (IMC) des participants. En outre, certaines études ont montré que ces améliorations se sont maintenues même 12 mois après la fin du programme EFT de 4 semaines.
Si l’EFT et la TCC dont nous avons parlé semblent efficaces pour diminuer la perception de la puissance de la nourriture, du régime alimentaire et des symptômes dépressifs ainsi que de leur maintien jusqu’à 12 mois plus tard, il semble que le groupe traité par EFT analysé par l’étude citée au début de cet article ait connu une réduction des envies de nourriture et des symptômes d’anxiété plus importante que celui traité par TCC. D’autres études ont indiqué que les symptômes dépressifs diminuent chez les adultes qui perdent du poids à cause notamment des liens entre cette difficulté de la gestion du poids et la symptomatologie psychologique. Les techniques de l’EFT semblent donc plus efficaces pour répondre simultanément aussi bien à la gestion du poids qu’aux difficultés psychologiques rencontrées par les personnes.
Pour conclure, ces études indiquent que les techniques d’EFT s’avèrent une intervention appropriée dans la gestion du poids et de l’obésité puisqu’elles ne se résument pas à cibler uniquement la perte de poids, mais visent à traiter spécifiquement les fringales et les facteurs psychologiques qui maintiennent ces comportements alimentaires chez ces personnes et ruinent ainsi leurs efforts précédents.
Les techniques EFT – une solution pour la gestion du poids ?
Il y a de plus en plus de preuves que les traitements psychologiques en ligne sont efficaces pour une grande partie des personnes qui y recourent. Les services de télésanté peuvent fournir une solution médicale moins coûteuse et plus facile à gérer en termes de temps et de déplacement pour surmonter les obstacles financiers et géographiques. En ce sens, l’appel massif au télétravail au niveau planétaire en raison de la pandémie de Covid a été salutaire : désormais, les gens peuvent et savent se former sur internet. Les thérapies psychologiques en ligne n’y font pas exception et présentent des avantages par rapport aux thérapies en face à face. La thérapie en ligne est moins stigmatisante et de nombreuses personnes trouvent plus facile de se confier en ligne que de se déplacer et de subir la proximité du thérapeute.
L’étude que nous avons citée en référence a certes montré l’efficacité d’un programme EFT en ligne pour diminuer les fringales alimentaires et permettre une perte de poids et un suivi sur 2 ans après le premier essai clinique. L’EFT a été donc très efficace pour réduire les envies de nourriture, la perception de la puissance de la nourriture, la restriction alimentaire et la symptomatologie psychologique, et en maintenir ces bénéfices sur une période de deux ans.
Peta Stapleton, une des autrices de cette étude, a d’ailleurs mené plusieurs autres investigations comme celle publiée en 2018 dans OBM Integrative and Complementary Medicine concernant les changements neuronaux constatés chez les adultes en surpoids ayant des fringales après l’application des techniques de libération émotionnelle. Dans le cadre de cette étude, 15 adultes en surpoids/obèses ont été affectés à un traitement EFT de groupe pendant 4 semaines et ont complété une mesure régulière de leur « fringale ». Des images répétées au hasard d’aliments riches en calories conçus pour engager des parties du cerveau ont été présentées lors des analyses pré et post IRMf. Les résultats ont indiqué que l’EFT peut diminuer l’activité cérébrale de la région limbique et réduire ainsi les symptômes liés à l’envie, à la consommation spontanée d’impulsion et donc l’alimentation chez les personnes en surpoids/obèses.
En conclusion, dans certains cas, les techniques de libération émotionnelle, même réalisées à distance, peuvent constituer une alternative intéressante aux programmes de perte de poids traditionnels. Les résultats observés dans plusieurs études ne font qu’encourager les personnes qui ont des difficultés à gérer leur poids ou qui se trouvent déjà en surpoids ou en situation d’obésité à essayer ces techniques d’EFT. Moins coûteuses, moins contraignantes et plus flexibles en termes de temps et d’espace, les programmes EFT en ligne peuvent constituer une solution pour influencer positivement les facteurs psychologiques qui sont souvent déterminants dans la prise de poids. En plus, la prise de conscience et l’action par l’auto-gestion de la personne concernée permet d’assurer la durabilité de ce type de traitement puisque le sujet continuera à l’appliquer même après la fin du programme en “reprenant le contrôle” de son propre poids.
ref: THE JOURNAL OF ALTERNATIVE AND COMPLEMENTARY MEDICINE
Volume 26, Number 2, 2020, pp. 98–106
ª Mary Ann Liebert, Inc. DOI: 10.1089/acm.2019.0309
Peta Stapleton, PhD,1 Evangeline Lilley-Hale, PGDipPsychology,1 Glenn Mackintosh, BA (Psych, Hons),2 and Emma Sparenburg2
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