Les réflexes primitifs jouent un rôle crucial dans la vie des nourrissons, guidant leur survie et leur développement précoce. Ces réflexes automatiques et instinctifs sont essentiels pour les aider à s’adapter à leur nouvel environnement dès leur naissance. Cependant, certains de ces réflexes peuvent persister au-delà de leur période d’intégration normale, ce qui peut avoir un impact sur la vie physique, émotionnelle et cognitive d’un individu.
Dans cet article, nous explorerons plus en détail les réflexes primitifs spécifiques, nous analyserons leurs fonctions et leur impact potentiel sur les aspects physiques, émotionnels et cognitifs de la vie d’un individu.
Le réflexe de Moro : embrasser la survie
Le réflexe de Moro est l’un des réflexes primitifs les plus connus, jouant un rôle crucial en tant que mécanisme de survie chez les nourrissons. Lorsqu’ils sont confrontés à des changements soudains dans leur environnement, tels qu’un bruit fort ou un mouvement brusque, le réflexe de Moro est déclenché en tant que réponse automatique. Le réflexe déclenche une séquence de mouvements : le nourrisson commence par arquer son dos, puis étend ses bras et ses jambes vers l’extérieur, pour finalement les ramener vers son corps dans une accolade. Cette réponse instinctive est semblable au « réflexe de sursaut » et est considérée comme ayant une signification évolutive.
Le but du réflexe de Moro : Le principal objectif du réflexe de Moro est d’aider à protéger le bébé. En arquant leur dos et en étendant leurs membres, le nourrisson tente d’augmenter la surface de leur corps, les rendant ainsi plus grands et plus intimidants pour les menaces potentielles. Le mouvement d’étreinte qui suit est une tentative de chercher du réconfort et de la proximité avec un soignant, offrant ainsi une assurance et un sentiment de sécurité pendant les moments de stress ou d’incertitude.
Non-intégration et son impact : Lorsque le réflexe de Moro reste actif au-delà de sa période d’intégration attendue, il peut entraîner une réponse de sursaut exagérée aux stimuli, même dans des situations non menaçantes. Cette réponse de sursaut accrue peut amener les individus à se sentir constamment tendus, anxieux et facilement dépassés par les stress quotidiens.
Par exemple, imaginez un adulte qui présente une réponse de sursaut exagérée aux sons quotidiens ou aux mouvements brusques. Dans des situations où le réflexe de Moro était intégré et ne se déclenchait plus, cette réaction excessive peut être émotionnellement éprouvante, perturbant l’équilibre du système nerveux et affectant la capacité de l’individu à réguler ses émotions de manière efficace.
Traiter la non-intégration : Des interventions thérapeutiques et des techniques d’intégration des réflexes peuvent soutenir le processus d’intégration et aider les individus à atténuer les réponses anxieuses et stressantes exagérées. En favorisant une intégration réussie, le réflexe de Moro ne déclenche plus de réponse exagérée aux stimuli, permettant à l’individu de réagir aux facteurs de stress de manière plus calme et adaptative.
Le réflexe de succion :
Le réflexe de succion est un réflexe primitif vital qui joue un rôle crucial dans la survie des nourrissons. Il est le moyen de la nature pour s’assurer que les nouveau-nés peuvent téter et recevoir la nourriture dont ils ont besoin pour grandir et prospérer. Lorsque les lèvres ou la langue d’un bébé sont touchées, ils répondent instinctivement en suçant, leur permettant de tirer du lait du sein ou du biberon.
L’importance du réflexe de succion : Le réflexe de succion est présent dès la naissance et est essentiel pendant les premiers mois, lorsque les nourrissons ne sont pas encore capables de se nourrir indépendamment. En grandissant et en se développant, ils apprennent progressivement à coordonner leur réflexe de succion avec les mouvements de déglutition et de respiration, facilitant une alimentation plus efficace.
Intégration et défis : Dans des circonstances normales, le réflexe de succion s’intègre naturellement à mesure que l’enfant mûrit et passe à des méthodes d’alimentation plus avancées, comme l’utilisation de gobelets et d’ustensiles. Cependant, des perturbations dans le processus d’intégration peuvent survenir pour diverses raisons.
Si le réflexe de succion persiste au-delà de la petite enfance ou n’est pas intégré de manière adéquate, cela peut entraîner des défis tels que :
Fixation orale : Le réflexe de succion prolongé peut contribuer à une fixation orale, où les individus peuvent développer un fort désir de sucer des objets tels que les doigts, les pouces ou les sucettes. Ce comportement peut apporter un sentiment de confort et de sécurité, mais il peut également interférer avec le développement de bonnes habitudes buccales et entraîner des problèmes dentaires.
Développement de la parole : La non-intégration peut affecter la coordination des muscles buccaux nécessaires à la production de la parole, entraînant des difficultés de langage, telles que le zézaiement ou l’articulation floue.
Développement dentaire : Le réflexe de succion persistant peut avoir un impact sur l’alignement des dents et le développement de la mâchoire, pouvant entraîner une malocclusion, où les dents supérieures et inférieures ne se rencontrent pas correctement lorsque la bouche est fermée, nécessitant une intervention orthodontique.
Stress et anxiété : La non-intégration peut être associée à des réponses de stress et d’anxiété accrues, rendant difficile de se détendre.
Le réflexe palmaire :
Le réflexe palmaire est déclenché en appliquant une pression sur la paume du nourrisson, ce qui les incite à saisir instinctivement fermement. Ce réflexe est essentiel pour le développement des compétences motrices fines, la coordination main-œil et la capacité de saisir et de tenir des objets. Au cours des premiers mois de la vie, le réflexe palmaire permet au bébé de tenir le doigt de son soignant ou d’autres objets, contribuant au développement d’un sentiment de sécurité et de confiance.
Non-Intégration et Son Impact : Lorsque le réflexe palmaire ne s’intègre pas à mesure que l’enfant grandit, il peut rencontrer des difficultés dans les tâches motrices fines et l’écriture manuscrite. Tenir un crayon ou un stylo avec une prise appropriée devient difficile, entraînant une écriture illisible et une frustration potentielle face aux tâches scolaires nécessitant des mouvements précis des mains. En thérapie, les individus présentant un réflexe palmaire non intégré peuvent bénéficier d’exercices et d’activités axés sur le renforcement des muscles de la main et l’amélioration de la coordination main-œil.
Le réflexe plantaire :
Le réflexe plantaire est déclenché lorsque la plante du pied du nourrisson est caressée, ce qui provoque la flexion des orteils. Ce réflexe joue un rôle fondamental dans le développement de l’équilibre et des schémas de marche. À mesure que l’enfant grandit et acquiert plus de contrôle sur ses mouvements, le réflexe plantaire s’intègre, permettant une marche plus fluide et des mouvements plus contrôlés des pieds.
Non-Intégration et Son Impact : Si le réflexe plantaire ne s’intègre pas correctement, les individus peuvent rencontrer des difficultés d’équilibre et de marche. Les enfants et les adultes peuvent avoir tendance à marcher sur la pointe des pieds ou avoir du mal à maintenir leur stabilité lors des déplacements. Pour traiter le réflexe plantaire non intégré, des exercices et des thérapies peuvent être conçus pour améliorer l’équilibre et la coordination des pieds.
Le réflexe tonique asymétrique du cou (RTAC) :
Le réflexe tonique asymétrique du cou (RTAC) apparaît lorsque le nourrisson tourne la tête d’un côté, provoquant l’extension des membres du côté du visage et la flexion des membres du côté du crâne. Ce réflexe est essentiel lors de l’accouchement, car il aide à guider le bébé dans le canal de naissance. De plus, le RTAC soutient la coordination main-œil et la conscience globale du corps.
Non-Intégration et Son Impact : Si le RTAC ne s’intègre pas correctement, il peut entraver la coordination bilatérale, rendant difficile pour les individus de coordonner les mouvements des deux côtés de leur corps simultanément. Cela peut avoir un impact sur les compétences de lecture et d’écriture, rendant des tâches telles que le suivi des lignes de texte ou le suivi d’un objet en mouvement plus difficiles. Les thérapeutes peuvent travailler avec des individus présentant un RTAC non intégré pour développer des exercices favorisant la coordination bilatérale et améliorer la coordination main-œil.
Le réflexe spinal galant :
Le réflexe spinal galant est déclenché par un toucher le long de la colonne vertébrale du nourrisson, ce qui les amène à plier leur corps du côté du toucher. Ce réflexe soutient le contrôle postural et la stabilité du tronc. Pendant la petite enfance, le réflexe spinal galant aide les nourrissons à développer la force musculaire nécessaire pour maintenir une posture debout.
Non-Intégration et Son Impact : Si le réflexe spinal galant persiste au-delà de la petite enfance et n’est pas correctement intégré, cela peut se manifester par une mauvaise concentration, des gestes incontrôlables et des difficultés à rester assis immobile. Les enfants et les adultes peuvent avoir du mal à maintenir leur attention et à rester assis pendant des activités. Les thérapeutes peuvent concevoir des activités axées sur l’amélioration du contrôle postural et favorisant une meilleure attention chez les individus présentant un réflexe spinal galant non intégré.
Le réflexe de Babinski :
Le réflexe de Babinski se caractérise par la flexion ascendante du gros orteil et l’écartement des autres orteils lorsque la plante du pied est caressée. Ce réflexe est généralement présent à la naissance et disparaît à mesure que l’enfant grandit. Sa présence à des stades ultérieurs du développement peut indiquer des problèmes neurologiques.
Non-Intégration et Son Impact : Si le réflexe de Babinski persiste au-delà de la petite enfance, cela peut être le signe d’anomalies neurologiques et nécessite une évaluation plus approfondie par des professionnels de la santé. En thérapie, le traitement du réflexe de Babinski non intégré implique de se concentrer sur d’autres compétences motrices et le développement neurologique, en fonction des conditions neurologiques spécifiques présentes.
Conclusion :
Comprendre l’importance de chaque réflexe primitif et son impact potentiel sur le développement des enfants, des adolescents et de la vie adulte est essentiel pour les thérapeutes, les conseillers et les soignants. En reconnaissant les signes de non-intégration et en mettant en œuvre des interventions appropriées, les individus peuvent être soutenus dans la surmonte de défis associés à des réflexes primitifs (ou réflexes archaïques) persistants. Les techniques d’intégration des réflexes peuvent favoriser un développement sain, améliorer les compétences motrices et améliorer le bien-être émotionnel des individus de tous âges. En abordant les réflexes primitifs non intégrés, les thérapeutes peuvent offrir un soutien complet aux individus dans leur parcours vers un développement et un bien-être optimaux.
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