Dans le monde interconnecté d’aujourd’hui, nous sommes exposés à d’innombrables images et histoires de conflits ou de guerres, que ce soit par le biais des actualités télévisées, des réseaux sociaux ou des journaux. Les conflits en cours, tels que la situation Russie-Ukraine ou Israël-Gaza, ont soulevé une question pressante : comment ces informations atroces affectent-elles notre santé mentale, et comment pouvons-nous nous protéger, ainsi que nos enfants, de leurs impacts négatifs ?
Cette préoccupation n’est pas nouvelle ; elle est apparue à la suite de nombreux événements traumatiques. Le pouvoir des images visuelles pour évoquer la peur et l’anxiété est bien documenté.
Ces images peuvent hanter nos pensées et rendre difficile la concentration, le sommeil ou le maintien d’un sentiment de bien-être. En réponse physiologique, notre système nerveux sympathique s’emballe, provoquant des sentiments d’anxiété et de détresse. Une exposition prolongée à un tel désarroi peut entraîner toute une série de problèmes de santé mentale, notamment l’anxiété, la dépression et même des troubles de stress post-traumatique (TSPT).
Alors, comment pouvons-nous rester informés et connectés tout en protégeant notre santé mentale et celle de nos enfants ?
Cette question a été soulevée à maintes reprises dans le contexte d’une longue liste d’événements dramatiques tels que les fusillades dans les écoles, les tueries de masse, le changement climatique, les incidents de brutalité policière, la pandémie de Covid-19, les attentats terroristes et les catastrophes naturelles comme les tempêtes, les tremblements de terre ou encore les inondations.
Comprendre l’impact psychologique des images choquantes
L’Association Américaine de Psychologie a émis un avertissement concernant les effets psychologiques de la consommation d’images violentes et traumatisantes. La peur, l’anxiété et le stress traumatique peuvent avoir des effets à long terme sur la santé et le bien-être.
Ces effets ne se limitent pas seulement aux personnes vivant dans les régions en conflit, mais aussi à celles qui en sont des observateurs lointains. Les visuels diffusés sont particulièrement préoccupants, car ils créent l’illusion de proximité, faisant ressentir le danger plus près qu’il ne l’est en réalité.
La science psychologique nous dit que la peur, l’anxiété et le stress traumatique ont des effets à long terme sur la santé et le bien-être. Ces impacts sont ressentis par des personnes du monde entier qui ont de la famille et des amis dans la région, ainsi que par ceux qui s’inquiètent des effets de la guerre partout, déclare le Dr Saltz, professeur associé clinique de psychiatrie à l’Hôpital Presbyterian de New York et au Weill Cornell Medical College.
Lorsque les téléspectateurs sont témoins d’événements horribles, leur système nerveux sympathique active la réponse « combat ou fuite ». Lorsque cet état persiste, il peut conduire à de la tristesse, et finalement à de la dépression. Le flot constant d’images visuelles dérangeantes, rendu possible par la technologie moderne (et plus qu’il y a 10 ou 20 ans…), a accru ces problèmes, en particulier pour celles et ceux qui sont plus fragiles en raison de problèmes de santé mentale antérieurs ou de traumatismes liés à leur passé, ainsi que pour les enfants et les adolescents. Ces derniers sont particulièrement vulnérables. Il est donc essentiel que les parents mettent en place des stratégies de communication efficaces afin d’aider les enfants à faire face à leurs peurs et à leurs angoisses.
La vulnérabilité des enfants face aux images
Les enfants, en particulier, sont susceptibles de ressentir davantage l’impact psychologique des nouvelles liées aux conflits. Il est crucial d’expliquer ces événements de manière adaptée à leur âge. En engageant des conversations ouvertes avec eux, les parents deviennent une source d’information digne de confiance. Les plus jeunes doivent être encouragés à exprimer leurs pensées, poser des questions et être éduqués à évaluer de manière critique les sources d’information :
- Qu’avez-vous entendu ? Que savez-vous ? Comment vous sentez-vous par rapport à ce que vous avez entendu ?
Laissez-les vous le dire, laissez-les vous poser des questions. - Aidez les enfants à comprendre que ce n’est pas parce que quelqu’un l’a dit que c’est nécessairement vrai. Apprenez-leur à examiner les sources d’information et à identifier celles qui sont dignes de confiance.
Reconnaître les symptômes d’anxiété et de dépression chez les enfants est également essentiel.
Stratégies concrètes pour protéger sa santé mentale
Protéger votre santé mentale et celle de votre famille nécessite des mesures proactives.
Instaurer un régime médiatique
L’une des stratégies les plus efficaces consiste à adopter un « régime médiatique ». Limitez vos sources d’actualités à un ou deux médias dignes de confiance et restreignez votre consommation quotidienne d’actualités à 30 minutes. Évitez de vous informer juste avant de vous coucher, car cela vous stimulera inévitablement et vous empêchera de dormir. Le manque de sommeil peut ensuite vous rendre plus anxieux le jour suivant, créant un cercle vicieux.
Limiter l’accès de votre enfant aux réseaux sociaux peut être un défi, mais c’est faisable et important pour eux.
Être à l’écoute de ses émotions
Soyez attentif aux symptômes que vous ressentez afin de pouvoir y faire face. Tout le monde éprouve de l’anxiété parfois. Et quand les choses sont difficiles et stressantes, comme c’est le cas actuellement, l’anxiété augmente, et c’est normal. Mais lorsque vous êtes tellement anxieux que vous ne parvenez plus à vous concentrer, que votre performance au travail en souffre, que vous n’arrivez pas à lire un livre ou à vous endormir la nuit parce que vous restez éveillé à vous inquiéter, que votre appétit est affecté… En bref, lorsque le niveau de stress affecte votre fonctionnement dans un ou plusieurs « domaines-clés » de votre vie (le travail, l’école, les relations), c’est le signal qu’il est temps d’agir et éventuellement de faire appel à un spécialiste.
Les symptômes peuvent être différents chez les enfants. En effet, ceux-ci ne manifestent pas toujours les signes classiques de la dépression, mais peuvent avoir des épisodes de tristesse intense, être irascibles ou présenter des symptômes physiques tels que de l’anxiété exprimée par des maux de ventre ou de tête. À d’autres moments, ils semblent heureux. C’est pourquoi la dépression passe souvent inaperçue chez les enfants et les adolescents.
Une intervention précoce et un traitement sont essentiels pour empêcher ces problèmes d’entraver le développement de l’enfant. La chose importante à savoir est que les plus jeunes n’ont généralement pas besoin d’une longue période de traitement… En 10 ou 12 séances, vous pouvez les remettre sur leur courbe de développement. C’est pourquoi il est si important d’intervenir le plus tôt possible et de faire comprendre aux parents qu’il s’agit d’un phénomène courant.
Apprendre le tapping (l’EFT)
L’EFT, en particulier, est un outil puissant pour gérer le stress et les réponses émotionnelles. Il implique de tapoter sur des points d’acupression spécifiques tout en se concentrant sur les problèmes émotionnels que vous souhaitez aborder, ou simplement pendant que vous regardez l’actualité. Cette pratique peut vous aider à traiter les informations émotionnellement traumatisantes. C’est un peu comme si regarder les informations mettait votre pied sur l’accélérateur et qu’en même temps, le tapping mettait votre pied sur la pédale de frein – finalement votre voiture s’arrêtera, tout comme votre système nerveux reviendra au calme.
Idéalement, vous devriez tapoter tout le temps en regardant ces images, en vous rappelant – et en rappelant à vos enfants – que vous pouvez envoyer des prières, des intentions ou que vous pouvez activement chercher des moyens pour soutenir les personnes dans les zones de conflits ou de guerres, mais que vous êtes dans un endroit différent et en sécurité là où vous vous trouvez en ce moment.
Il est important de recadrer cela afin que votre système nerveux reste ou revienne en mode de sécurité, de sorte que votre esprit ne crée pas de souvenirs d’événements réels à partir de ces images.
Apprendre des techniques qui aident à réguler la réponse de notre système nerveux
Lorsque le stress et la peur activent notre amygdale, la partie du cerveau qui contrôle notre réponse émotionnelle, notre système nerveux entre en mode de survie (le fameux « fight/flight/freeze »). Nous ne sommes alors plus – pour emprunter un terme à la thérapie comportementale dialectique – dans notre « esprit sage ».
Cet état n’est pas censé durer plus de quelques minutes. Cependant, le type de nouvelles qui créent de la peur peut nous maintenir dans un état constant de survie. Avec le temps, cela épuise notre énergie et nos ressources et conduit aux états décrits précédemment – anxiété, dépression, épuisement…
Mais il est possible de revenir à cet « esprit sage » en ayant recours à différents outils de la psychologie énergétique pour calmer notre système.
Les techniques qui aident à réguler notre système nerveux pour le ramener en mode de sécurité (également appelé mode d’engagement social), sont faciles à apprendre et à intégrer dans notre routine quotidienne : la respiration en cohérence cardiaque, les exercices de « shaking » pour aider notre corps à éliminer les hormones de stress, les techniques d’autoapaisement, l’Équilibrage Émotionnel Personnel (EEP), la technique de libération des émotions (TLE), la méditation, l’autohypnose et bien d’autres encore.
Ajouter cinq minutes de respiration profonde à votre routine du matin et du soir, faire une promenade dans la nature, de la méditation, passer un moment de détente avec des amis sont autant d’activités qui réduiront votre taux d’anxiété, de manière à ce que vous puissiez faire de meilleurs choix pour votre santé mentale et celle de votre famille.
Chez iepra, nous vous proposons régulièrement des webinaires, des conférences ou encore des formations vous permettant de vous familiariser avec plusieurs de ces outils puissants.
Se livrer à des activités agréables
Il est essentiel d’inclure dans votre quotidien des activités qui apportent de la joie et un sentiment de bien-être, et ce, afin de rééquilibrer le positif et le négatif : parcourez du contenu inspirant, passez du temps dans la nature, lisez, visitez des musées, assistez à une pièce de théâtre ou un concert… Choisissez tout passe-temps qui vous apporte de la satisfaction.
En outre, rechercher le soutien d’amis, de membres de sa famille ou de professionnels de la santé mentale est un signe de force. Les liens sociaux et les conseils d’un professionnel peuvent apporter une aide précieuse dans les moments de détresse émotionnelle.
L’impact mondial des traumatismes liés aux conflits
Dans le passé, les gens n’étaient pas exposés à des images aussi graphiques, mais l’avènement des réseaux sociaux a rendu ces visuels accessibles et omniprésents. Ce ne sont plus seulement les personnes directement impliquées dans les conflits qui sont en danger.
Même les observateurs lointains peuvent éprouver des symptômes liés aux traumatismes, ce qui peut affecter leur capacité à fonctionner dans la vie quotidienne. La portée mondiale des conflits à travers les médias a amplifié le potentiel de ce que l’on appelle le « traumatisme vicariant ». Assister à des événements traumatisants en ligne, même à distance, peut également créer des symptômes de TSPT, explique le Dr Jack Tsai, professeur et doyen régional à l’École de Santé Publique de Houston à San Antonio.
Une étude sur l’impact de la guerre russo-ukrainienne sur la santé mentale des Italiens après 2 ans de pandémie a montré que la préoccupation pour la guerre augmentait considérablement leur niveau de stress et d’anxiété, voire de dépression, même s’ils n’étaient pas directement impliqués dans le conflit.
Les professionnels de la santé et les personnes souffrant de maladies chroniques ont connu une augmentation du stress et de l’anxiété/dépression en raison des effets de la guerre. Cependant, l’impact négatif du COVID-19 sur la santé mentale a réduit le lien entre la guerre et le stress.
En outre, les changements positifs globaux survenus à la suite d’un traumatisme, notamment l’amélioration des relations avec les autres, l’exploration de nouvelles possibilités, le développement de la force personnelle et la croissance spirituelle, ont atténué le lien entre la guerre et l’anxiété/la dépression.
La perspective de la recherche
Une étude récente, « LES NOUVELLES LIÉES À LA GUERRE ET LEUR IMPACT SUR LA SANTÉ MENTALE : UNE REVUE », publiée sur ResearchGate, a pour objectif d’identifier et de passer en revue les effets des médias et des nouvelles liées à la guerre sur la santé mentale.
Cette étude met en évidence que les mauvaises nouvelles ou les nouvelles liées à des conflits influencent notre humeur et notre perception du monde, et que nous nous concentrons inconsciemment sur des événements désagréables ou effrayants.
L’exposition aux menaces de guerre ou aux nouvelles représente un risque de voir des images et des enregistrements vidéo d’actes de violence réels. Ces visuels affectent l’humeur générale, provoquant mélancolie, anxiété, TSPT et autres changements psychologiques.
Le fait de voir des expériences ou des images dérangeantes a également clairement été lié à des symptômes de stress post-traumatique.
L’étude a montré que la durée de diffusion de l’événement à la télévision est directement proportionnelle à la gravité des symptômes, comme cela avait été démontré dans une étude précédente menée en 2001. La recherche montre également que des images non filtrées de violence ou des vues effrayantes d’événements naturels créent des perturbations mentales chez les personnes travaillant dans le secteur des médias.
La surexposition à la violence graphique entraîne un processus d’insensibilisation, où les individus s’habituent à regarder ces types d’images ou de films, créant des réactions émotionnelles réduites. Il y a alors une possibilité que l’individu voie le monde à travers un prisme négatif, en négligeant ou en occultant de nombreux éléments positifs.
La recherche souligne également l’importance de prendre en compte la vulnérabilité des enfants face à l’impact psychologique des nouvelles liées à la guerre. Elle renforce l’idée que l’orientation parentale et la communication ouverte sont essentielles pour aider les enfants à faire face à leurs peurs et à leurs angoisses.
Les chercheurs confirment que la réduction du temps d’exposition aux médias, l’adoption de techniques de relaxation et la participation à d’autres activités bénéfiques peuvent réduire l’apparition des maladies mentales et améliorer la qualité de vie.
Conclusion
Alors que nous naviguons dans un monde rempli de nouvelles bouleversantes, il est essentiel de protéger notre bien-être mental et celui de nos enfants. En limitant notre exposition aux images dérangeantes et en étant attentifs à nos réponses, nous pouvons atténuer l’impact psychologique. La création d’une boîte à outils de lutte contre le stress, la participation à des activités agréables et la recherche de soutien en cas de besoin sont des étapes essentielles dans ce parcours.
N’oubliez pas que vous n’êtes pas seul à ressentir du stress et de l’anxiété.
N’hésitez pas à prendre contact et à vous connecter avec vos amis, votre communauté ou des professionnels de la santé mentale en cas de besoin. En prenant ces mesures proactives, nous pouvons protéger notre bien-être mental face aux événements les plus difficiles et encourager un sentiment de résilience et d’espoir face à l’adversité.
Bonjour merci pour votre article…on sous estime l impact des infos sur la population.., qui engendre une angoisse collective.., perso, déjà avant l explosion des conflits.., j étais déjà très sensible à tout cela.., issue de la génération post Dutroux en Belgique, comme la plupart des mamans, on ne laisse plus les enfants jouer dans la rue et apporte beaucoup d angoisse aux parents., les réseaux sociaux pleins de danger en plus maintenant, rendent la parent alité angoissante…, l ecologie et les guerres en plus…, nous sommes virtuellement traumatisés…quel genre d adultes deviendront ils en ayant une vision du monde tellement négative? Seront-ils en contradiction de braves militants pour la paix? Ou, au contraire, méfiants, associaux par peur du monde et donc encore plus dépendants du virtuel????