Les causes et raisons de la colère

4 mars 2023
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Auteur: Blog iepra

Elle est bien souvent la cause de « catastrophes » familiales, parfois de guerres épiques (antiques ou modernes), et toujours la raison d’une émotion violente et difficile à ignorer ou à réprimer : la colère. Avec l’habitude – ou plutôt malgré elle – nous pouvons parfaitement la sentir éclore, monter en nous-même et finir par dominer notre conscience, nous entraînant parfois à prononcer des paroles blessantes ou à agir de façon… irréfléchie. Il va sans dire que cette énergie soudaine doit être canalisée.

Alors, quelles sont les causes et raisons de la colère ? Comment pouvons-nous, munis de ces connaissances, mieux l’appréhender, l’accueillir, voire l’utiliser à bon escient ? Explorons ensemble les différents aspects de cette tornade émotionnelle pleine d’énergie.

 

1. Une vive émotion aux racines très profondes…

Vous avez certainement déjà ressenti les pulsions déclenchées par la colère. C’est un peu comme si une onde d’énergie agressive vous possédait et vous empêchait de réfléchir calmement, n’est-ce pas ?

Mais que se passe-t-il exactement ?

Les déclencheurs de la colère

Les situations de la vie sont parfois difficiles à gérer ou conflictuelles. Nous pouvons nous sentir frustrés, impuissants, menacés ou attaqués, lésés, victimes d’une injustice, de l’arrogance, etc. Néanmoins, nous ne sommes pas à l’abri d’une mauvaise lecture de l’événement en question, de l’attitude des personnes présentes, etc. De nombreux facteurs, n’ayant (apparemment) rien à voir avec la situation considérée, peuvent intervenir dans notre ressenti et notre perception unique de la situation (notre éducation, notre enfance, nos expériences passées, les circonstances actuelles de notre vie qui peuvent être particulièrement défavorables ou adverses), et ainsi nous rendre plus prompts à l’irascibilité. Nous sommes également plus enclins à la colère si nous traversons un deuil, un accident, une catastrophe ou un conflit armé.

Plus largement, certains d’entre nous ont grandi en considérant qu’il faut toujours exprimer la colère de façon agressive. À l’inverse, d’autres ont été élevés dans l’optique que la colère est une faiblesse, qu’il ne faut pas se plaindre, et en conséquence taisent cette « émotion primaire », indigne ou inappropriée. Certains ont malheureusement été victimes de la colère incontrôlable d’un parent ou d’un adulte censé les protéger, de brimades, de violences physiques, et ces traumas sont particulièrement destructeurs pour leur expérience de vie.

Enfin, plus banalement, les situations stressantes de la vie quotidienne peuvent engendrer la colère : embouteillages, grèves, paiement de factures, difficultés financières, problèmes de voisinage.

Réagir pour nous protéger !

Une enquête de la Fondation pour la santé mentale révèle que 32 % des personnes interrogées connaissent un proche ayant du mal à contrôler sa colère. 28 % d’entre elles s’inquiètent de leurs propres accès de colère. De façon plus préoccupante, 58 % des sondés ne savent pas où chercher de l’aide pour gérer leur colère.

Qu’en est-il ?

La colère est avant tout une émotion. Selon le dictionnaire Larousse, c’est une « réaction affective transitoire d’assez grande intensité, habituellement provoquée par une stimulation venue de l’environnement ». Autrement dit, notre corps réagit de façon instinctive, immédiate, à ce qu’il perçoit comme une menace extérieure directe à notre intégrité.

Une menace à notre intégrité physique, tout d’abord. Au même titre que la peur, l’anxiété ou l’excitation, la colère entraîne une attitude de « combat ou de fuite » de notre organisme. Comme un réflexe de notre cerveau reptilien, les glandes surrénales inondent nos vaisseaux sanguins d’hormones d’adrénaline et de cortisol. Ce stress soudain envoie le sang vers nos muscles, notre respiration augmente : bien oxygénés, nous sommes prêts à nous défendre, à attaquer, ou à partir au plus vite. De même, nos sens sont au maximum de leur attention. Nous nous sentons galvanisés, prêts à agir, même violemment. Sous l’impulsion du moment. Sans filtre.

Préserver notre ego blessé

Mais chez nous, les humains, êtres évolués et surtout éminemment sociaux, la menace peut être beaucoup plus subtile : elle peut concerner notre intégrité émotionnelle. Nous pouvons ainsi sentir que notre dignité, notre honneur, ou encore notre estime de nous-même sont directement menacés. Et nous traitons la parole ou l’attitude blessante comme dans le cas évoqué précédemment. Même si notre corps ou notre santé ne sont pas en jeu, nos « curseurs » de sensibilité sont poussés involontairement au maximum et nous attaquons, nous nous défendons bec et ongles. Les disputes sont l’expression la plus évidente de ce choc d’au moins deux « colériques » antagonistes.

 

2. Les conséquences néfastes de la colère

Si la colère mobilise notre énergie rapidement, celle-ci est avant tout dirigée vers l’élimination de ce que nous percevons comme une menace. Elle n’est donc pas, a priori, positive ou constructive. Et la mobilisation de toutes les ressources de notre corps dans un but défensif voire destructeur n’est pas sans conséquences fâcheuses à court et à long terme.

Des manifestations extrêmes

La colère peut s’exprimer de façon explosive : la rage s’exprime sans frein et peut entraîner des injures, des menaces, des atteintes à l’intégrité physique, à la violence. Certains individus peuvent finalement s’isoler progressivement de leur famille ou de leur entourage professionnel.

Symétriquement, la colère peut être totalement réprimée par un effort conscient de volonté et de maîtrise de soi. Ainsi, au lieu de laisser aller et faire s’échapper le trop-plein d’émotions, elle est refoulée à l’intérieur de soi-même et l’énergie négative consume la personne qui la ressent. En effet, exprimer sa colère peut être considéré comme étant un défaut majeur, un péché, une marque de faiblesse de caractère. Il faut alors trouver un autre moyen d’évacuer la colère. Elle se précipite en nous-même et bouleverse notre fragile équilibre interne.

Les impacts négatifs de la colère sur notre santé

Les hormones, ces substances chimiques se déversant dans notre organisme, peuvent entraîner des maux de tête, des problèmes de digestion, de l’insomnie, ou encore un accroissement de l’anxiété. Si les accès de colère deviennent chroniques, on peut malheureusement constater des cas de dépression, d’hypertension, des problèmes dermatologiques, des accidents cardiaques ou cérébraux.

Les blessures de notre enfant intérieur

En plein épisode de colère, bien des adultes semblent agir comme des enfants.

Pourquoi ?

Notre besoin fondamental est de nous sentir en sécurité dans nos relations sociales. Très tôt dans notre enfance, l’éveil de l’ego nous conduit à prendre conscience de nos émotions, de notre perception de nous-même, du regard et du jugement des autres. Cette révolte immédiate, la colère, évoque parfois un caprice enfantin dans ses manifestations externes. Ainsi, comme dans la cour de récréation, certaines personnes choisissent de crier agressivement, de se déchaîner physiquement et de frapper, ou alors d’ignorer et de bouder. Dans certains cas de colère refoulée, des adolescents ou de jeunes adultes se mutilent.

Cherchant à évacuer ou à dissimuler au plus vite leur douleur perçue, les enfants réagissent de façon excessive. Ainsi, la dynamique de la colère chez les enfants les entraîne bien souvent à se mettre en scène visuellement pour communiquer leur émotion colérique avec encore plus d’impact sur leur entourage, afin d’exercer une pression coercitive plus puissante.

Bien des adultes n’ont pas réussi, lors de l’adolescence, à maîtriser leurs émotions, et continuent donc à agir « comme des enfants » sous le coup de la colère. Ils ont constaté durant des années que la meilleure des défenses, c’est l’attaque. Alors ils sont prêts à « péter les plombs » et à blesser l’autre en retour, sans mesurer les conséquences, comme leur état d’adulte les y obligerait théoriquement. La riposte contre la « menace » est à la mesure de la blessure de l’ego ressentie par notre enfant intérieur, et non pas comme l’adulte expérimenté que nous sommes censé être devenu, avec le temps et l’expérience.

Des facteurs aggravants

De nombreuses études tendent à confirmer que l’alcool et certaines drogues amplifient l’agressivité, et par voie de conséquence, les manifestations physiques de la colère (notons que toutes les personnes en colère ne sont pas agressives, et inversement toutes les personnes agressives ne sont pas en colère). Bien des violences domestiques sont la suite d’épisodes de colère ayant dégénéré.

3. Vers la maîtrise de l’énergie colérique

La colère, si elle est correctement reconnue et canalisée, peut s’avérer utile pour notre propre évolution humaine. Alors, comment réussir à reconnaître, endiguer puis rediriger de façon constructive cette fabuleuse énergie qui parfois surgit de façon inattendue ?

Comment se servir du « venin de la colère défensive » ?

Distinguer clairement les causes et les raisons de la colère

Au fur et à mesure de notre analyse, il apparaît que nous pouvons identifier les « causes » comme étant les événements déclencheurs de notre colère, appartenant à la réalité objective, présente et immédiate. En revanche, les « raisons » sont les événements déclencheurs de notre colère appartenant à notre histoire personnelle, subjective et passée.

Si les causes peuvent être prévisibles dans certaines circonstances, elles peuvent nous surprendre et nous prendre au dépourvu. Nous pouvons donc nous y préparer de façon hypothétique et consciente, grâce à une certaine pratique, un « entraînement » en vue du prochain épisode colérique, comme on anticipe la violence d’un prochain ouragan ou d’un tremblement terre, dont on ne se pose pas la question s’il va vraiment se manifester, mais simplement quand.

Quant aux raisons, elles sont un facteur aggravant, voire un catalyseur de la colère circonstancielle. La bonne nouvelle, c’est qu’on peut à tout moment travailler sur notre perception des événements du passé, leur donner une autre lecture, plus positive, plus constructive que celle qui nous cause la souffrance ou le manque de confiance.

Apprivoiser sainement la colère

Cette première étape étant franchie dans la différenciation majeure entre « causes » et « raisons » de la colère, il est possible d’exprimer la colère d’une manière plus saine :

  1. Reconnaissez cette émotion comme faisant partie de l’expérience normale de la vie et ne cherchez pas à la nier ou à la refouler !
  2. En cas de perte de contrôle de la situation, éloignez-vous un moment pour vous calmer ou faites une activité physique pour vous dépenser !
  3. Reconnaissez et nommez clairement la ou les causes de votre colère pour, à terme, anticiper et résoudre le problème !
  4. Confiez-vous à une personne de confiance pour analyser la situation au calme !

Gérer les disputes

Après un épisode de colère, il est complexe de « faire la paix » avec la personne qui en est la cause. Il faut en effet tenir compte de sa personnalité : est-elle encline à l’agressivité, à la violence ? Est-il possible d’envisager une communication non violente avec elle ? En effet, cette technique permet de transmettre un message de façon non conflictuelle et d’aplanir les difficultés de communication, pour peu que l’interlocuteur ou interlocutrice veuille bien s’y prêter.

Admettre notre vulnérabilité

Pour les personnes les plus volontaires dans la maîtrise de leur colère, il existe la solution puissante d’admettre devant la personne en cause notre propre vulnérabilité. Cet excès d’authenticité et de franchise peut nous libérer des ressentis négatifs attachés à la situation conflictuelle. Certes, cela nous place momentanément en position de « faiblesse relative », mais le passage de la blessure ou de la déception à la colère indignée peut éveiller chez l’autre un sentiment de compassion.

Conclusion

La colère est une émotion inhérente à notre expérience de vie. Il ne sert donc à rien de la nier, de la réprimer, ou de la qualifier de « malsaine ». Elle est innée, et au même titre que le réflexe reptilien de « combattre ou fuir », la colère est censée nous alerter d’une menace immédiate et extérieure à notre intégrité physique ou émotionnelle. 

Dans ce dernier cas, il est tout à fait possible de réduire considérablement les effets négatifs voire dévastateurs de la colère. De nombreuses techniques existent pour appréhender constructivement la colère : pratiques de respiration ou de relaxation, formation de l’affirmation de soi, exercices physiques, tenue d’un « journal des accès de colère », séances de yoga. Il ne faut pas hésiter à consulter un praticien ou un thérapeute én

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