Pourquoi, en tant que thérapeute, devons-nous considérer notre propre protection avant d’aider les autres ?
Les professionnels de la thérapie, du domaine médical et paramédical et de la santé mentale, ainsi que de la relation d’aide et de soins, peuvent se retrouver dans des situations où ils doivent prodiguer des soins à des personnes en situation de stress, en état de choc ou altéré. Les patients/clients souffrant de certaines psychopathologies peuvent également être sujets à l’agressivité.
Cette situation a des conséquences diverses, non seulement sur les professionnels, mais aussi sur les patients et les clients eux-mêmes. Traiter des personnes avec un comportement agressif ou violent présente des risques pour la santé mentale des médecins, des thérapeutes, des conseillers et des aidants, pouvant entraîner une perte de confiance en soi, une hypervigilance, de l’anxiété, des sentiments d’infériorité, une immobilisation, voire une dépression.
Comment votre cabinet peut-il rester un lieu sûr pour vous et vos patients/clients ?
Pour la majorité des professionnels dans le domaine, ce sont des cas rares, mais cela reste une réalité à prendre en compte : certaines personnes que vous accompagnez peuvent devenir violentes.
Bien que la plupart des agressions ne conduisent pas à des blessures graves, elles sont émotionnellement très perturbantes et peuvent avoir des conséquences à long terme. Étonnamment, en comprenant mieux le système nerveux et en apprenant des techniques de SELF-défense pour vous protéger des comportements potentiellement dangereux, vous pouvez en réalité accroître votre capacité de soutien et de traitement compassionnel et efficace pour les patients/clients dont vous cherchez à vous protéger.
Une formation efficace dans la gestion de l’agression des personnes que vous accompagnez couvre des notions essentielles, telles que la compréhension des mécanismes des situations conflictuelles dans le cadre de la thérapie, de la santé et des soins, comment prévenir les escalades, adapter vos méthodes de communication, comment agir en cas d’agressivité et d’escalade, et comment neutraliser l’agresseur en cas d’attaque.
Dans cet article, nous aborderons comment vous pouvez accroître votre sécurité et votre préparation globales en apprenant des techniques spécifiques de SELF-défense et l’effet positif sur votre pratique en augmentant la capacité de votre système nerveux à rester ou à revenir rapidement à son mode de sécurité, où la compassion et les qualités du SELF ou du “soi” (le cortex préfrontal) sont pleinement disponibles pour vous.
Cela vous permettra également d’accompagner de manière plus efficace les personnes potentiellement agressives sans compromettre votre sécurité et de vous protéger sans nuire à votre clientèle ou à vous-même.
Quels sont les risques ?
Vos patients/clients peuvent devenir « challengeants » pour différentes raisons.
Les psychologues et tous les professionnels médicaux et paramédicaux, de l’accompagnement et de la relation d’aide et des soins ne connaissent pas toujours à l’avance le potentiel violent de celles et ceux qui sollicitent leur aide. Il est donc justifié d’être vigilant concernant notre sécurité de manière prévoyante et préventive.
Certaines études suggèrent que les agressions se produisent plus fréquemment pendant les années de formation prédoctorale et au début de la carrière des psychologues et des psychothérapeutes. Les professionnels ayant récemment débuté peuvent être moins attentifs aux signaux de violence, moins enclins à fixer et assurer des limites et permettre ainsi à un comportement agressif de s’intensifier. Ils sont davantage susceptibles de travailler avec des personnes présentant des troubles plus graves. Les psychologues et les professionnels de l’aide ne sont généralement pas assez formés pour évaluer les personnes potentiellement violentes et savoir comment désamorcer les rencontres susceptibles de mal tourner.
Une enquête a révélé que les étudiants estimaient que la partie de leur formation consacrée à la gestion des patients/clients potentiellement violents était insuffisante. Ils ont classé les informations concernant les phases d’un épisode violent, les stratégies d’intervention et les techniques de défense comme « quasi nulles » et « mauvaises ».
Toutes les raisons de plus, disent les experts, pour que les psychologues recherchent une formation pour eux-mêmes.
Cette prudence est nécessaire, car dans une atmosphère globalement plus tendue et chargée, il existe une augmentation modérée du risque de violence chez les personnes souffrant de certains troubles émotionnels et mentaux.
Les psychologues qui étudient les problèmes de sécurité estiment que les praticiens doivent au minimum prendre en compte ces importants facteurs de sécurité lorsqu’ils travaillent avec des clients potentiellement agressifs ou violents : l’aménagement de leur cabinet, les procédures de la première visite et leur capacité à gérer une personne en colère ou agitée.
Les psychologues exerçant dans de petits cabinets privés sont confrontés à des dangers potentiels supplémentaires, car ils n’ont souvent pas de personnel de soutien ou de collègues travaillant dans le même cabinet.
C’est pourquoi il est essentiel de se familiariser avec les risques et les techniques pour gérer les situations potentiellement violentes.
Pourquoi certains patients/clients deviennent-ils « challengeants » ?
Les clients, et parfois leurs soignants, peuvent devenir difficiles, non coopératifs, agressifs, voire violents pour différentes raisons :
- être malade ou souffrir de douleurs ;
- abus d’alcool/substances ;
- peur, anxiété, détresse ou sentiment de menace ;
- difficultés de communication ou de langage ;
- attentes irréalistes ;
- mauvaise expérience antérieure ;
- frustration ;
- culpabilité ;
- problèmes de gestion de la colère ;
- avoir une psychopathologie – diagnostiquée ou non encore identifiée.
Leur comportement peut prendre la forme de :
- exiger ou contrôler ;
- manque d’écoute/absence de coopération ;
- abus verbal ou menaces ;
- violence physique contre vous, d’autres personnes ou des biens.
Quelles sont les règles de base ?
En tant que professionnel du domaine thérapeutique, médical et paramédical, d‘accompagnement ou de soin, vous savez que nous devons toujours considérer en premier lieu si le comportement du patient est causé par une condition médicale. Si c’est le cas, vous évaluerez si vous pouvez traiter cette personne, autant que possible, sans mettre en danger les autres ou vous-même, ou si vous devez plutôt la référer à un professionnel ou une institution spécialisée. Vous identifierez également si vous devez la signaler.
Les longs temps d’attente, le manque de rendez-vous disponibles, les méthodes inconnues, le fait de ne pas se sentir reconnu dans sa souffrance sont également des facteurs qui peuvent contribuer et accentuer la détérioration de l’humeur ou du comportement.
Désamorcer une situation violente
Traiter un client agressif nécessite de la prudence, du jugement et de la maîtrise de soi. Les psychologues recommandent, concernant le risque de clients exigeants et potentiellement violents, de ne pas surestimer ses propres capacités à comprendre un patient/client simplement par le biais d’entretiens cliniques.
Certaines mesures de sécurité de base à prendre en compte sont les suivantes :
- Exiger d’avoir un rendez-vous pour accéder à la salle d’attente et être autorisé à entrer.
- Examiner les clients potentiels via une évaluation initiale pour déterminer leur potentiel de violence : analyser les antécédents médicaux du client (anamnèse), demander tout diagnostic ou traitement antérieur, utiliser des tests psychologiques tels que le MMPI-2.
- Retirer tout objet pouvant être transformé en arme, telle qu’un coupe-papier ou un presse-papier lourd, à la portée du client.
- Éviter de travailler seul, surtout la nuit.
- Lorsque vous travaillez avec quelqu’un présentant un potentiel de violence connu, assurez-vous qu’une autre personne est présente, au moins dans le bâtiment. Si cela n’est pas possible, cherchez des alternatives comme une pratique de groupe.
Lorsque vous interagissez avec des clients à risque, assurez-vous de :
- Vous tenir plus près de la porte, pour pouvoir sortir rapidement en cas de besoin.
- Pouvoir demander de l’aide – affichez un numéro d’urgence sur votre téléphone, gardez votre porte légèrement ouverte pour que d’autres personnes près de votre bureau entendent.
- Autoriser un collègue à intervenir – donnez aux gens autour de vous la permission de « passer » pendant une séance. La présence d’une tierce personne aide parfois à calmer les choses.
Une mesure de prévention particulièrement efficace : apprendre le SELF-défense
En tant que praticien, il est important de pouvoir désamorcer une situation hostile et se défendre en cas d’attaque.
Voici ce que vous pourriez considérer :
- Apprendre des techniques de communication et de gestion de conflits.
- Rester calme, écouter ce que la personne dit, poser des questions ouvertes dans le but de la maintenir engagée dans la communication et la relation thérapeutique.
- La rassurer et reconnaître ses griefs comme une étape importante pour désamorcer la situation.
- Lui donner l’occasion d’expliquer ce qui l’a mise en colère peut vous aider à l’aider à trouver une solution.
- Tout en maintenant un contact visuel rassurant, éviter un contact visuel prolongé pour qu’elle ne se sente pas sur la défensive.
- Maintenir une distance adéquate – à la fois physique et émotionnelle – contribue à accroître un sentiment de sécurité pour vous-même et pour elle. Plus important encore, s’éloigner des coins.
- Aménager son bureau de manière à pouvoir sortir facilement, mais que la personne ne se sente pas piégée.
Apprendre des techniques de SELF-défense
- Si essayer de calmer un patient/client ne fonctionne pas et qu’une agression commence, utilisez des techniques d’autodéfense pour vous protéger physiquement.
- Utilisez des techniques de communication et d’autodéfense pour distraire, déstabiliser et désengager la personne et retrouver le contrôle et la sécurité pour vous-même.
- Les ateliers d’autodéfense, spécialement conçus pour les thérapeutes et les professionnels de la santé/du conseil, proposent des techniques faciles à apprendre pour vous protéger, vous aider à éviter une attaque d’un agresseur qui fonce sur vous, vous libérer de la prise d’un agresseur si nécessaire, sans leur nuire ni vous nuire.
- Les concepts simples de mouvement tactique en situation d’agression, les techniques de blocage, de contrôle et d’immobilisation vous aideront à retrouver sécurité et contrôle.
Les patients/clients ne doivent pas se voir refuser un traitement nécessaire même s’ils peuvent être agressifs ou violents. Le traitement doit être basé sur les besoins cliniques, quelle que soit la demande.
Néanmoins, vous devrez évaluer et réduire les risques pour vous-même et les autres. Dans certains cas, il peut être raisonnable et nécessaire de considérer des arrangements alternatifs pour assurer le traitement, comme recevoir ce type de patients dans un cabinet de professionnels regroupés.
Il est conseillé de se former à la résolution de conflits, à la SELF-défense et à la gestion des comportements agressifs.
Conclusion
En tant que professionnels de la santé mentale, notre sécurité et notre bien-être sont essentiels pour fournir des soins efficaces à nos patients. Comprendre les risques associés aux rencontres potentiellement violentes et mettre en œuvre des mesures de sécurité est primordial. De plus, investir dans une formation de SELF-défense sans violence vous permet d’acquérir des compétences pratiques pour vous protéger tout en offrant un soutien compassionnel et efficace à vos patients.
En cultivant un sentiment de sécurité intérieure, en gardant votre système nerveux en mode de l’engagement social (et non en mode Fight/Flight/Freeze), les qualités de compassion, du SELF (le « soi“) et les capacités du cortex préfrontal restent ou redeviennent disponibles à vous, rehaussant ainsi votre capacité globale à prendre soin de vos clients.
En combinant les mesures de sécurité, les compétences en résolution de conflits et les techniques de SELF-défense, vous pouvez créer un environnement sécurisé où les besoins des patients sont satisfaits sans compromettre votre propre bien-être.
En fin de compte, cela renforce la qualité des soins que nous offrons à celles et ceux qui recherchent notre aide et notre soutien.
Pour connaître les dates de notre prochaine formation au SELF-défense, rendez-vous sur la page dédiée : formation SELF-défense
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