Pourquoi utiliser l’acupression en psychothérapie ?

22 septembre 2022
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Auteur: Blog iepra

La détresse émotionnelle peut s’exprimer à différents moments de notre vie. Cette souffrance particulière peut aussi prendre une forme répétitive, quasi permanente, et rendre notre expérience de vie très difficile. Parmi l’éventail des thérapies disponibles, l’acupression est particulièrement prometteuse, car elle n’implique aucun traitement médicamenteux. 

Quels sont les fondements scientifiques qui viennent étayer ces nouveaux développements dans l’acceptation de l’acupression comme thérapie alternative efficace ou comme complément à la psychothérapie traditionnelle ?

L’acupression est une réponse novatrice aux troubles émotionnels

Soulager la détresse émotionnelle repose généralement sur deux voies thérapeutiques : les traitements psychologiques (de l’esprit au cerveau) et les traitements pharmacologiques, par les médicaments. Le premier « pilier » compte des dizaines d’approches différentes, le second vise à modifier le fonctionnement même du cerveau en y administrant des substances chimiques à la suite de l’établissement d’un diagnostic.

Un troisième pilier thérapeutique, radicalement plus simple, s’impose petit à petit : l’acupression.

 

La révolution de l’acupression

En 1997, le psychologue américain Roger Callahan constate que le tapotement sous l’œil d’un client frappé de phobie de l’eau entraîne une disparition totale de cette peur induite. S’inspirant de la médecine traditionnelle chinoise qui fait ses preuves depuis des millénaires, il a l’intuition d’utiliser les points d’acupuncture pour y exercer des tapotements. Callahan baptise sa méthode TFT, pour « Thought Field Therapy », soit « thérapie du champ mental » en français.

S’ensuit alors une longue période d’investigation, d’observation et de collecte des résultats positifs obtenus : en dépit du tâtonnement et d’un manque de fondement scientifique clairement établi, la révolution de l’acupression est en marche. Dans les années 2000 apparaissent différentes variantes qui forment la psychologie énergétique. Et les détracteurs se déchaînent sur cette nouvelle thérapie « non conventionnelle ».

Un protocole singulier, mais efficace

Néanmoins, les résultats sont là : des centaines, puis des milliers de personnes, comme le démontre la vaste étude réalisée par Andrade & Feinstein en 2003, réussissent à surmonter leurs troubles émotionnels, parfois en une seule séance ! Les bénéficiaires de la TFT réagissent très bien à cette nouvelle thérapie, se montrent plus calmes et apaisés. Progressivement, les essais et les résultats positifs se multiplient, quels que soient les troubles à traiter : phobies, crises de panique, troubles de stress post-traumatique (TSPT), stress aigu, anxiété, dépression. Mais également les états émotionnels douloureux, tels que la colère, la honte, le chagrin, la culpabilité, la jalousie, le rejet, les souvenirs blessants, voire les fringales.

Petit à petit, le protocole d’auto-tapotement s’affine et se précise : il faut tout d’abord évoquer ou se remémorer le souvenir précis ou l’objet du trouble émotionnel, puis se tapoter cinq fois doucement, mais fermement sous l’œil droit, puis au-dessus de la paupière droite, etc.

De façon empirique, puis systématique au cours des années et des expériences accumulées, les praticiens de l’acupression insistent sur l’aspect « d’activation de l’affect » par la personne elle-même. Elle doit tout d’abord se représenter la situation ou l’objet stressant, afin de se placer volontairement et consciemment dans la situation générant son malaise, avant de faire « dérailler » la réponse habituelle (le stress, l’angoisse) grâce aux tapotements administrés dans une séquence précise, en alternance avec des mouvements oculaires (regarder à gauche, à droite, rouler des yeux, etc.) et, au besoin, des chantonnements.

L’amygdale et nos émotions

Face aux nombreuses objections et critiques adressées aux inventeurs et promoteurs de l’acupression, il était nécessaire de pouvoir démontrer scientifiquement ces milliers de résultats. Ce sont les progrès de l’imagerie cérébrale qui ont jeté les fondements des éclaircissements nécessaires. En effet, de nombreuses études ont clairement établi que l’amygdale (ou « complexe amygdalien ») gère les émotions dans notre cerveau.

Il s’avère que plusieurs noyaux la composent et forment le « complexe basolatéral ». Que se passe-t-il exactement avant qu’une émotion nous envahisse ? À la suite d’un stimulus émotionnel, différentes aires de notre cerveau réagissent : le cortex préfrontal, le thalamus, le cortex sensoriel ou encore l’hippocampe. Ces aires envoient ensuite l’information au noyau central de l’amygdale qui dicte, selon le cas, toute une série de réponses endocriniennes et/ou émotionnelles et prépare notre organisme à différentes situations face à ce qui est ressenti comme une menace immédiate : « combattre ou fuir », évaluer le danger, se motiver à agir, vigilance et urgence accrues, etc.

L’attention des thérapeutes de l’acupression s’est donc évidemment tournée vers les flux d’informations (émission/réception/analyse/exécution) entre ces différentes parties du cerveau. Comment prouver scientifiquement que leur approche fonctionne, que ces dizaines de milliers de succès « existent » véritablement ? Autrement dit : pourquoi les tapotements sont-ils efficaces ? Il fallait aller plus loin.


Comment les tapotements peuvent-ils déjouer les mécanismes de la phobie « apprise » ?

Faire entrer une nouvelle approche de traitement de la détresse émotionnelle, même avec des dizaines de milliers de résultats probants et convaincants, dans le champ des thérapies conventionnelles, n’est pas chose aisée.

Le codage de la peur et des phobies

Le principe de base de l’acupression est que le tapotement semble perturber la réponse émotionnelle habituelle du sujet, réponse dont il ou elle veut se débarrasser, car elle lui cause un mal-être. Ce mauvais « aiguillage » d’une réponse émotionnelle naturelle, innée, censée assurer notre survie face à une menace, est donc une conséquence malheureuse d’un mauvais « apprentissage ». C’est notamment le cas des phobies, ces peurs « apprises » qui n’apportent aucun avantage évolutif, contrairement aux peurs « naturelles » qui nous protègent et assurent notre survie.

Les peurs innées constituent un mécanisme implanté naturellement dans notre cerveau qui nous empêche d’être blessés ou tués. Elles comprennent la peur de l’inconnu, des hauteurs (le vertige), des espaces clos (le piège), des endroits ouverts (avec nulle part où se dissimuler), des choses rampantes (les prédateurs terrestres), volantes ou éloignées (les prédateurs aériens). Ces stimuli apparaissent dans notre champ de vision ou sensoriel et n’atteignent pas notre conscience. Ils ne sont pas évalués rationnellement, car la réflexion prend du temps. L’amygdale joue alors un rôle de protection « réflexe » quasi immédiate en nous envoyant des émotions puissantes et mobilisatrices au niveau du subconscient.

La phobie, quant à elle, apparaît lorsqu’un élément perturbateur se manifeste en même temps qu’un stimulus non conditionné. On peut ressentir le vertige sur un pont et ensuite, la seule pensée d’un pont provoquera la « peur ». Dans notre enfance, une figure d’autorité, comme un parent ou un professeur, peut amplifier une crainte légitime et ainsi créer une phobie qui nous « pourrira » la vie, voire même les relations sociales.

Il est donc possible de « coder » une phobie en reconnaissant les éléments constitutifs, et en identifiant les neurotransmetteurs et autres éléments chimiques ayant un rôle déterminant dans le processus.

Le rôle clé du glutamate

Pour s’entraîner à l’extinction d’une réaction de peur, il est possible de subir un apprentissage, une « habituation » à une situation stressante. Ainsi peut-on, dans certains traitements, connaître une récupération spontanée, un renouvellement ou une réintégration de la « peur naturelle », débarrassée de l’élément perturbateur ayant créé la phobie.

En outre, d’un point de vue chimique, les neurones réagissant au glutamate permettent de bloquer la transmission des signaux émis par l’amygdale. La stimulation sensorielle jouée par les tapotements permet de faire « dérailler » les routines apprises durant l’installation de la phobie. L’acupression contribue ainsi grandement à la diminution de la détresse émotionnelle.

Des expérimentations animales

Pour réussir à établir cette relation de cause à effet entre l’amygdale et le ressenti stressant de certaines émotions, des expériences ont été menées sur des animaux. L’idée était de mettre en évidence quelles molécules chimiques entraînent une réponse stressante à un stimulus émotionnel, à la suite de la décision prise par le complexe amygdalien.

Ainsi, lors d’une étude classique de conditionnement des réflexes pavloviens, deux séries de chiens ont été exposées à l’injection d’anisomycine, un inhibiteur de la synthèse des protéines, après qu’un signal sonore a été émis, suivi d’un choc électrique. Les résultats de l’expérience ont montré que l’anisomycine permettait de supprimer la réponse émotionnelle pénible. Une expérience similaire, où, cette fois, des molécules de muscimole ont été injectées aux animaux, a démontré que la réponse habituelle de peur pouvait être inhibée.

Des résultats probants ont été obtenus avec de la sérotonine injectée à des rats. Ce neurotransmetteur module le traitement de l’information, en diminuant la reconnaissance des formes et leur traitement associatif à telle ou telle réaction de défense de l’organisme. Des rats ayant été injectés avec de la sérotonine n’ont plus montré de réaction de peur alors qu’ils étaient délibérément placés dans une situation stressante qu’ils connaissaient déjà. La sérotonine joue donc un rôle majeur dans l’extinction de la réponse à un stimulus conditionné.

Ces différentes considérations ont conduit certains scientifiques à émettre l’hypothèse d’une troisième voie : l’Activation des Affects/Stimulation Sensorielle (AA/SS) ou, plus simplement, la thérapie psychosensorielle.

Conclusion

Les réponses thérapeutiques conventionnelles en vue de soulager la détresse émotionnelle sont nombreuses et variées. Elles sont habituellement séparées en deux : les thérapies psychologiques d’une part, et les traitements médicamenteux d’autre part. L’une privilégie une approche basée sur le dialogue et le traitement des événements traumatiques de la vie et des ressentis de la personne. L’autre envisage le cerveau dans son aspect mécaniste et chimique. Néanmoins, ces approches présentent des limites.

Une troisième voie alternative, pressentie dès 1997 par le psychologue américain Roger Callahan et restée sujette à controverses pendant plusieurs années, se voit petit à petit confirmée et renforcée par des études scientifiques de plus en plus poussées. L’acupression devient ainsi un pilier fondamental et un outil crucial de ce qui s’impose comme la thérapie psychosensorielle.

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